Le mathématicien Florian Luca, impliqué dans l'IRN GANDA, nommé CNRS Fellow Ambassadeur
Florian Luca, mathématicien à l’Université du Witwatersrand à Johannesburg, rejoint le dispositif de "CNRS Fellow-Ambassadeur" créé en 2023. Rencontre avec ce spécialiste de la théorie des nombres, fortement impliqué dans des collaborations internationales.
Originaire de Roumanie, Florian Luca a obtenu un doctorat en mathématiques à l’Université de l’Alaska de Fairbanks en 1996 puis a effectué divers séjours de recherche à l’étranger à l’université de Syracuse (Etats-Unis) et à l’Académie tchèque des sciences de Prague (République Tchèque), avant d’obtenir une bourse Humboldt à l’Université de Bielefeld (Allemagne). Il a ensuite rejoint l’Université nationale autonome du Mexique en 2000, avant de rejoindre l'université de Witwatersrand à Johannesburg, en Afrique du Sud, où il travaille depuis 2014.
Ses travaux de recherche portent essentiellement sur la théorie des nombres et plus particulièrement sur les équations diophantiennes et les fonctions arithmétiques. Spécialiste dans son domaine, il a co-écrit plus de 500 articles de recherche en mathématiques et a par ailleurs reçu en 2005 une bourse Guggenheim en tant que résident permanent d’Amérique latine. Actuellement, ses recherches se concentrent sur le problème de Skolem ainsi que sur les critères de transcendance des mots automatiques et semblables, des sujets qui intéressent non seulement les mathématiciens mais aussi les informaticiens théoriques.
Que signifie cette nomination pour vous ?
J'ai été très surpris de l'apprendre. Je suis bien sûr très heureux et honoré de recevoir une telle nomination. Depuis près de 20 ans, j'entretiens une très bonne collaboration avec la France en général, et plus particulièrement avec le professeur Yuri Bilu et son groupe de recherche à Bordeaux.
La coopération officielle a débuté en 2004 dans le cadre de projets conjoints de l'ANUIES et du CoNACyT du côté mexicain, où j'étais basé à l'époque, et du CNRS du côté français. Pendant de nombreuses années, je me suis rendu à Bordeaux pour des périodes courtes (quelques semaines) ou plus longues (jusqu'à trois mois) dans le cadre de toutes sortes d'arrangements, allant de chaires d'un mois à des "postes rouges" du CNRS et je me suis engagé dans des travaux de recherche intéressants avec cette équipe. Notamment, 2 ou 3 de ces séjours prolongés étaient dans le cadre du programme ALGANT, un célèbre programme de master international dont Bordeaux est parmi les participants. J'ai fini par cosigner des articles avec plusieurs doctorants français du laboratoire. Certains de mes doctorants mexicains et sud-africains ont d’ailleurs été invités à visiter Bordeaux et ont rédigé des articles communs avec des doctorants français. Je suis heureux de recevoir cette nomination qui me permettra de poursuivre mes visites à Bordeaux au cours des prochaines années.
Qu'attendez-vous de cette nomination ?
Je suis heureux de continuer à me rendre à Bordeaux car nous avons encore de nombreux projets en cours. Cependant, je connais de nombreux autres collègues en France avec lesquels j'aimerais avoir l'occasion d'interagir davantage. Je prévois donc de les approcher dans un avenir proche et de m'enquérir de la possibilité de visiter leurs laboratoires pendant quelques semaines à la fois au cours des trois prochaines années, dans le but d'identifier des sujets de recherche communs appropriés qui pourraient conduire à des résultats intéressants à l'avenir.
En ce qui concerne les objectifs que j'espère atteindre, il y a deux directions différentes. D'une part, j'aimerais bientôt commencer à effectuer mes visites annuelles d'un mois. La première visite aura probablement lieu en septembre ou octobre à Bordeaux, je communiquerai mes dates exactes au CNRS d'ici le mois de juillet. D’autre part, dans les années à venir, j'aimerais organiser des visites à Paris, Nancy et Marseille où j'ai de nombreux collègues avec lesquels j'aimerais coopérer. Du côté africain, j'aimerais continuer à recevoir des visites de collègues ou d'équipes françaises pour nous donner des conférences et collaborer avec mes collègues et nos étudiants. Si l'intérêt existe du côté français, j'aimerais servir « d'ambassadeur » et demander à mon université que le CNRS puisse ouvrir un bureau à Wits, que les chercheurs du CNRS pourraient utiliser pour nous rendre visite plus souvent.
Florian Luca a donc de forts liens avec la communauté mathématique française, une position renforcée par sa nomination de Fellow Ambassadeur. Sa collaboration avec Yuri Bilu, professeur à l’Institut de Mathématiques de Bordeaux1 l’a amené à s’investir dans l’IRN Ganda, un réseau de collaboration mathématique international composé de membres travaillant en France, Afrique du Sud, Danemark et Madagascar.
- 1Bordeaux INP/CNRS/Université de Bordeaux
Qu'est-ce que l'IRN GANDA ?
GANDA, pour Geometry and Arithmetic, est un International Research Network (IRN) financé par le CNRS et ses partenaires. Né sous l’impulsion des nombreuses collaborations existant entre l’Afrique du Sud et l’Université de Bordeaux, il regroupe aujourd’hui des mathématiciens de France, d’Afrique du Sud, du Danemark et de Madagascar. Le réseau est dirigé par Fabien Pazuki, professeur à l’Institut de Mathématiques de Copenhague et par Yuri Bilu, professeur à l’Institut de Mathématiques de Bordeaux. Dès sa création en 2018, l’IRN GANDA a connu un fort succès : à l’issue des conférences organisées en Afrique du Sud, plusieurs collaborations entre des chercheurs des différents pays impliqués sont nées. Si le partenaire originel était l’Université de Stellenbosch, le réseau s’est depuis ouvert à l'université de Witwatersrand ainsi qu’à l’Université d'Antananarivo, élargissant au passage ses thèmes de recherche à des sujets connexes afin de suivre l’évolution scientifique du pays. A la fois structurant et exploratoire, l’IRN GANDA soutient de nombreux projets de collaborations, que ce soit dans la durée ou pour des périodes plus courtes, tout en incluant des étudiants de thèse et parfois de Master lors des événements afin de pérenniser cette dynamique d’échange dans le futur.