Interview d'Etienne Moutot, chargé de recherche au CNRS

J'étudie principalement les pavages, qui consistent à recouvrir des surfaces par un certain nombre de pièces sans trous ni recouvrements. De manière générale, je m’intéresse à l'étude de systèmes dynamiques discrets, en ayant souvent un point de vue très "informatique" de ces objets. En effet, une meilleure compréhension de leurs structures permet de répondre à de nombreuses questions liées d'informatique théorique : décidabilité ou indécidabilité de certains problèmes, bornes de complexité algorithmique, ...

Après une prépa Maths-Physique, j'ai intégré le département d'informatique de l'ENS de Lyon en tant qu'auditeur. J'ai ensuite fait une thèse en co-tutelle entre le laboratoire d'informatique de l'ENS de Lyon et le département de mathématiques de l'université de Turku, en Finlande ; puis un post-doc au LIS, Laboratoire d'Informatique et Systèmes, à Marseille.

Sans vraiment jamais m'éloigner des mathématiques, ma relation avec les mathématiques a beaucoup évolué au fil du temps.

 

J'ai toujours beaucoup aimé les mathématiques, mais ma première passion a longtemps été l'informatique. C'est ça qui m'a motivé à aller en prépa par exemple. C'est une fois là bas que j'ai eu l'impression de (re)découvrir les mathématiques, grâce aux TIPE (des projets de recherche menés pendant les deux ans de prépa), qui m'ont donné un aperçu de ce que pouvait être la recherche en mathématiques. C'est cette expérience qui m'a donné envie de devenir chercheur et donc d'intégrer l'ENS.

 

Cela dit, en arrivant à l'ENS de Lyon, j'ai eu quelques expériences désagréables en cours de maths qui m'en ont un peu dégoûté pendant quelques années. Mon objectif était alors faire de la recherche en informatique, en restant le plus loin possible des mathématiques. Mais l'informatique en étant quand même très proche, je me suis retrouvé un peu par hasard à faire mon premier stage dans une communauté à l'interface de l'informatique et des mathématiques, communauté qui s'est trouvée être celle dans laquelle j'ai fait ma thèse, jusqu'à finalement obtenir un poste en mathématiques.

Sans penser à une personne en particulier, je dirais que ma rencontre avec la communauté francophone des systèmes dynamiques discrets a été déterminante dans mon parcours. Je pense en particulier aux journées SDA2 (groupe de travail du GDR IM du CNRS) en 2017 à Marseille, où j'ai pu constater une bienveillance infinie et un accueil si chaleureux alors que je n'étais qu'en stage. Je pense que cette communauté est la raison principale qui m'a poussé à continuer dans ce domaine, voire à continuer la recherche en mathématiques tout court. Elle a aussi une approche très ludique de la recherche, ce qui m'a permis de rapidement me réconcilier avec les maths et de m'y sentir à ma place malgré ma formation d'informatique (théorique, certes, mais informatique quand même).