Lauréats et lauréates des prix de l'Académie des sciences 2022
L'Académie des sciences annonce les prix et médailles qu'elle a attribués en 2022. Félicitations aux collègues lauréates et lauréats !
- Boris ADAMCZEWSKI, lauréat du Prix Ernest Déchelle
Directeur de recherche CNRS à l’Institut Camille Jordan (CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1/Université Jean Monnet Saint-Etienne/Centrale Lyon/INSA Lyon).
Boris Adamczewski est un mathématicien, spécialiste d’approximation diophantienne et de transcendance. Ses recherches se situent à l’interface de la théorie des nombres, de l’informatique théorique et de certains autres grands domaines mathématiques comme la combinatoire, l’algèbre, la théorie des équations différentielles et aux différences ou la théorie des systèmes dynamiques. Parmi ses principales contributions, plusieurs mêlent théorie des automates finis et théorie des nombres.
- Cécile HUNEAU, lauréate du Prix Langevin (en hommage à la mémoire des savants français assassinés par les Nazis en 1940-1945)
Chargée de recherche au CNRS au Centre de mathématiques Laurent Schwartz à l’École Polytechnique (CNRS/École Polytechnique).
Ses recherches portent sur les équations d’Einstein de la relativité générale, qui peuvent s’exprimer comme des équations aux dérivées partielles d’évolution. Dans ce cadre, elle s’intéresse particulièrement à des questions de stabilité, ainsi qu’aux limites de solutions haute-fréquence. En collaboration avec Jonathan Luk, elle a montré que sous une hypothèse de symétrie de translation, l’effet de perturbations haute-fréquences dans les solutions des équations d’Einstein correspondait à l’apparition d’un tenseur énergie impulsion effectif de type Vlasov.
- Romain DUJARDIN, lauréat du Prix Élie Cartan
Professeur à Sorbonne Université, membre du Laboratoire de probabilités statistique et modélisation (CNRS/Sorbonne Université/Université Paris Cité).
Ses recherches portent principalement sur les systèmes dynamiques holomorphes à une et plusieurs variables complexes, souvent en interaction avec d'autres domaines des mathématiques, comme la théorie des probabilités, la théorie géométrique des groupes, ou la dynamique arithmétique.
- Yann BRENIER, lauréat du Grand prix Ampère de l’Électricité de France
Directeur de recherche CNRS au Laboratoire de mathématiques d’Orsay (CNRS/Université Paris-Saclay).
Les recherches de Yann Brenier portent sur le calcul des variations, les équations aux dérivées partielles et leurs approximations. Il a relié les équations d'Euler de la mécanique des fluides à celle de Monge-Ampère qui permet de reconstruire une surface convexe à partir de sa courbure de Gauss. Pour cela, il a établi un théorème de décomposition polaire des applications, en s'inspirant de la solution par Kantorovitch du problème de transport optimal de Monge.
Il a renouvelé l'approche géodésique des équations d'Euler par Arnold, à l'aide d'espaces de probabilité sur les chemins et de dualité convexe, en montrant l'existence et l'unicité du champ de pression associée aux plus courts chemins entre chaque paire de points. Il en a déduit une formulation cinétique des équations d'Euler similaire aux équations de Vlasov de la physique des plasmas. Il a aussi établi une formulation magnéto-hydrodynamique du modèle d'électromagnétisme non-linéaire de Born-Infeld, imaginé dans les années 30 puis délaissé et enfin repris en physique des hautes énergies.
- Sébastien GOUËZEL, lauréat du Prix Mme Victor Noury, née Catherine Victoire Langlois - Fondation de l'Institut de France
Directeur de recherche CNRS à l’Institut de recherche mathématique de Rennes (CNRS/ENS Rennes/INSA Rennes/Université de Rennes 1/Université de Rennes 2).
Sébastien Gouëzel a obtenu des résultats de tout premier plan expliquant pourquoi des systèmes dynamiques déterministes présentent des comportements qui semblent aléatoires, à la fois dans les régimes uniformément hyperboliques et intermittents. Il a pour cela développé de nouveaux outils, à base d'analyse fonctionnelle sophistiquée, pour étudier le comportement spectral des systèmes dynamiques. Il a également démontré des résultats majeurs sur les marches aléatoires dans les espaces hyperboliques, notamment pour le problème du théorème local, en montrant la pertinence de techniques importées des systèmes dynamiques. Il travaille aussi à la formalisation des mathématiques sur ordinateur dans les assistants de preuve.
- Laurent FARGUES, lauréat du Prix Léonid Frank
Directeur de recherche CNRS à l'Institut de Mathématiques de Jussieu-Paris Rive Gauche (CNRS/Sorbonne Université/Université de Paris).
Les travaux de Laurent Fargues se situent dans le domaine du programme de Langlands, de la théorie de Hodge p-adique et des objets géométriques qui y interviennent. Dans un travail en commun avec Jean-Marc Fontaine, il a repensé complètement de façon purement géométrique la théorie de Hodge p-adique en introduisant et étudiant ce qu’on appelle désormais la courbe de Fargues-Fontaine. En collaboration avec Peter Scholze, il a utilisé cette courbe afin de construire la correspondance de Langlands locale sur un corps p-adique.
- Thierry BODINEAU, lauréat du Prix Sophie Germain/Fondation de l’Institut de France
Directeur de recherche CNRS, professeur associé à l’IHES, membre du Laboratoire Alexander Grothendieck (CNRS/IHES).
Les travaux de Thierry Bodineau portent sur des problèmes mathématiques issus de la mécanique statistique. Il s’est intéressé à la coexistence de phases dans le modèle d’Ising et à ses conséquences sur la relaxation dynamique. Il a aussi étudié, en collaboration avec Bernard Derrida, des processus stochastiques pour caractériser les propriétés du flux dans des systèmes hors équilibre. Plus récemment, il a travaillé, avec Isabelle Gallagher, Laure Saint-Raymond et Sergio Simonella, pour analyser le comportement stochastique de dynamiques de sphères dures dans la limite cinétique.
- Aline LEFEBVRE-LEPOT, lauréate du Prix Blaise Pascal du Gamni-Smai
Chargée de recherche CNRS au Centre de mathématiques appliquées (CNRS/École polytechnique) à l’École polytechnique.
Les travaux de recherche d'Aline Lefebvre-Lepot portent sur les milieux granulaires secs et les suspensions denses. Ils concernent aussi bien la modélisation que l’analyse et le développement de méthodes numériques efficaces ou le calcul haute performance. Plus précisément, elle a contribué à la résolution du problème fluide/structure sous-jacent et à la gestion des interactions proches entre grains (contacts, fluide interstitiel). Ses travaux ont été concrétisés par de fructueuses collaborations interdisciplinaires.
- Marc MASSOT, lauréat du Prix Edmond Brun
Professeur au Centre de mathématiques appliquées (CNRS/École polytechnique) à l’École polytechnique.
Marc Massot est mathématicien appliqué, spécialiste de modélisation, d’analyse numérique et de calcul scientifique. Il a développé et analysé des modèles et méthodes de simulation innovants pour la mécanique des fluides complexes (physique des plasmas, propulsion électrique, écoulements diphasiques et réactifs…) qui ont permis de lever des verrous tant scientifiques que pour les applications dans les domaines de l’aéronautique et de l’astronautique. Après avoir installé une équipe de mathématiques dans un laboratoire d’ingénierie menant à des collaborations interdisciplinaires très fructueuses à CentraleSupélec de 2005 à 2017, il porte maintenant l’Initiative HPC@Maths à l’École polytechnique pour apporter des solutions mathématiques novatrices pour les sciences appliquées, les entreprises et les PME.
- David AUBIN, lauréat du Prix Grammaticakis-Neuman
Professeur à Sorbonne Université, membre de l'Institut de mathématiques de Jussieu-Paris Rive Gauche (CNRS/Université de Paris/Sorbonne Université).
L’objectif principal des travaux de David Aubin est de développer une histoire des sciences proprement culturelle cherchant à faire apparaître l’importance des transferts de connaissances entre disciplines, mais aussi entres divers acteurs de la société. Dans cette perspective, il s’est tout particulièrement intéressé à divers terrains : la modélisation mathématique, les sciences de l’observatoire ou la mobilisation scientifique pendant la Première Guerre mondiale. Il s'attache actuellement à l’étude des cultures publiques d’observation astronomique.