« Maths sous tous les angles » : 3 jours de diffusion-médiation en mathématiques
La sociologie des mathématiques, le jeu de l’oie, l’origami, l’analyse de la probabilité d’un feu de forêt, la géométrie qui se cache derrière un flocon de neige ou un ballon de foot, l’analyse de la décélération d’un sprinteur avant la ligne d’arrivée, les mathématiciens lors de la Première guerre mondiale… : c’est tout une pluralité de sujets mathématiques qui gravitent autour de nous.
Exposés, jeux et activités mathématiques, cycles de conférences, expositions, spectacles : voici autant de dispositifs pour mettre en exergue ces sujets dont les scientifiques et professeurs peuvent s’emparer pour faire voir les mathématiques autrement auprès du grand public.
C’est sous ce prisme que s’est réuni le réseau de diffusion AuDiMath, du 4 au 6 juin 2024 au LAMFA (UMR CNRS 7352), Université de Picardie Jules Verne à Amiens, rythmé par 3 jours de colloque autour de la diffusion et de la médiation. « Maths sous tous les angles » est organisé par et pour des enseignantes-chercheuses et enseignants-chercheurs, mais également l’enseignement du secondaire en mathématiques et ses élèves, et plus largement la communauté mathématique.
Focus sur la première journée : histoire, sociologie et médiation
La première journée du réseau de diffusion AuDiMath démarre avec un exposé sur l’histoire des mathématiques à grande échelle, présenté sous le regard historique de Rossana Tazzioli (Université de Lille). Elle nous rappelle les prémices de l’organisation de la science mathématique à l’échelle internationale avec la création de l’International Mathematical Union (IMU) en 1920 et l’émergence de regroupements scientifiques en Italie. Elle aborde 3 grands sujets majeurs : l’autarcie versus l’internationalisme, les mathématiques pures versus les mathématiques appliquées, et la politique fasciste en Italie versus la circulation des scientifiques et des idées mathématiques.
La matinée s’ensuit par une présentation socio-historique des mathématiques du socio-historien Pierre Verschueren (Université de Franche-Comté), co-auteur de l’ouvrage Le Monde des mathématiques (Seuil), avec Pierre-Michel Menger. Il s’intéresse à la communauté mathématique, son autonomie réelle, avec pour autant une très forte organisation interne et l’importance d’une compétition juste.
Son exposé commence par la notion de hiérarchie et de compétition : l’anti-localisme mathématique et la mobilité des scientifiques, la « hiérarchie » consensuelle des sous-disciplines qui maintient une forme d’élitisme. Il s’intéresse aussi à des trajectoires et expériences notables, telles que les deux premières femmes mathématiciennes à obtenir un poste à la Caisse nationale des sciences (anciennement CNRS) : Marie Charpentier et Marie-Louise Dubreil-Jacotin, ou encore les répétiteurs de mathématiques à l’École polytechnique au 19ème siècle, et les mathématiciens au service du bureau des longitudes. Pierre Verschueren met aussi en exergue des notions de communautés et transmissions, et de circulations et internationalisations, avec l’exemple de l’histoire du médaillé Fields Laurent Schwartz.
Kits mathématiques : un espace de partage de ressources et d’activités autour de la médiation des mathématiques
La journée se poursuit par la présentation du site internet Kits mathématiques : posters, objets mathématiques et proposition d’activités pour une diversité de publics et de thèmes mathématiques, porté par Indira Chatterji, professeure au LJAD (UMR CNRS 7351 Université de Nice) et Rémi Coulon, directeur de recherches au CNRS à l’IMB (UMR CNRS 5584 Université de Bourgogne).
Kits mathématiques propose également des activités connexes :
- Fabrikhaton : 2-3 jours dans un FabLab, immense atelier de bricolage et numérique, dont l’objectif est de créer un objet mathématique. La prochaine édition aura lieu 6 au 9 novembre 2024 à Toulouse avec le soutien d AuDiMath, organisé par Arnaud Chéritat.
- Numéro spécial médiation de la Gazette de la Société Mathématique de France : recueil d’activités clés en main, comme par exemple, l’illustration de la loi de Benford.
Peut-on entendre la forme d’un tambour ? D’après Mark Kac.
Conférence proposée dans le cadre du cycle de conférences « Un texte, un mathématicien », par la Société Mathématique de France (SMF), qui a lieu 4 fois/an à la Bibliothèque nationale de France (Bnf) et dès que possible en région. Virginie Bonnaillie-Noël, directrice de recherche CNRS au Département de mathématiques et applications (DMA, ENS, CNRS) et directrice de la direction d'appui aux partenariats publics au CNRS, propose un exposé sur les liens entre les maths et le son, phénomène physique que sont des vibrations qui se propagent dans l’air ou dans l’eau, à un public varié, constitué de scientifiques mais aussi de lycéens.
Elle présente l’article de Mark Kac publié en 1966, dans lequel il pose la question suivante : si vous entendiez quelqu'un jouer du tambour, et à supposer que vous connaissiez les fréquences correspondant aux sons perçus, seriez-vous capable de déterminer la forme exacte de l'instrument qui a servi à les produire ?
Autres sujets de médiation abordés
Le colloque « Maths sous tous les angles » aborde une pluralité d’autres sujets : pavages, géométrie du ballon de foot, maths et sport, mais aussi dispositifs de diffusion et médiation : Image des maths, Maths en Jeans, la Maison Poincaré et un spectacle de jonglerie musicale, informatique et mathématique proposé par la compagnie Chant des Balles.
Rejoignez le réseau AuDiMath
Professeures, professeurs, enseignantes-chercheuses, enseignants-chercheurs, si vous souhaitez vous impliquer davantage dans des dispositifs de diffusion et médiation, n’hésitez pas à suivre toutes les initiatives portées par le réseau de diffusion AuDiMath et à vous engager dans cette aventure. Plus d'informations ici.
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