Parité en mathématiques : les actions 2024 soutenues par l’Insmi

Institutionnel Parité / Égalité Médiation

Avant de faire un bilan des actions parité soutenues ou portées par l’Insmi en 2023/2024, nous revenons sur deux évènements spécifiques organisés en 2024. 

Journée des référentes et référents parité 2024

Le réseau des référentes et référents parité de l’Insmi se réunit deux fois par an : en visio-conférence en décembre et lors d’une rencontre en présentiel en juin. En 2024, la journée des référentes et référents parité des laboratoires de l'Insmi a eu lieu le 06 juin à l'Institut Camille Jordan (Lyon).

Une trentaine de personnes se sont réunies afin d'échanger sur ces enjeux : discussions autour des appels à action, des statistiques et des actualités parité. Le matin, trois témoignages pertinents ont été présentés par des référentes parité :  Isabelle Chalendar (Laboratoire d'analyse et de mathématiques appliquées, LAMA, Marne-La-Vallée), Sara Checcoli (Institut Fourier, IF, Grenoble), Hélène Mathis (Institut Montpelliérain Alexander Grothendieck, IMAG, Montpellier). L'après-midi, un atelier sur le syndrome de l'imposture a été conduit par Natacha Portier.

https://intranet.cnrs.fr/instituts/insmi/journees/Pages/Journ%C3%A9e-des-r%C3%A9f%C3%A9rentes-et-r%C3%A9f%C3%A9rents-parit%C3%A9-2025.aspx

Les Mouettes savantes : 1ère édition réussie d’un stage inclusif

En suivant Les Cigales, projet initiateur au CIRM (Marseille), la Bretagne a accueilli la 1re édition des Mouettes Savantes du 24 au 28 juin 2024. Les crédits de l'Appel à Action Parité de l'Insmi ont servi à financer une partie de cette semaine de stage et ont permis de rendre ce stage totalement gratuit pour les participantes. Retour sur le succès de ce projet avec les quatre organisatrices : Marie-Pierre Étienne (IRMAR, Institut de recherche mathématique de Rennes), Juliette Legrand (Laboratoire de Mathématiques de Bretagne Atlantique, LMBA, Brest), Anna Bonnet (Laboratoire de Probabilités, Statistique et Modélisation, LPSM, Paris) et Sophie Donnet (MIA-Paris-Saclay, AgroParisTech, INRAE, Palaiseau).

© Marie-Pierre Étienne
Ce n’est pas juste les maths pour les maths, c’est les maths "au service de"
Marie-Pierre Étienne, maîtresse de conférence à l’Institut d’agro Rennes-Angers - IRMAR

L’idée est venue aux organisatrices après une suggestion d’Olga Paris-Romaskevich, co-organisatrice des Cigales. « À l’époque », explique Marie-Pierre Etienne, « Anna Bonnet, Sophie Donnet et moi-même étions justement à la station biologique de Paimpont, au cœur de la forêt de Brocéliande, pour un workshop autour de nos sujetsOn se disait que le lieu s’y prêtait, et qu’il serait bien d’y faire quelque chose avec notre tropisme à nous, qui est d’utiliser des maths (plus précisément des statistiques) en lien avec des applications biologiques. On s’est dit : c’est une autre façon de toucher les filles, le fait de se dire que ce n’est pas les maths pour les maths, c’est les maths au service de ». Juliette Legrand a ensuite rejoint l’aventure.

Réparties en trois groupes, les 20 lycéennes participantes ont travaillé pendant une semaine sur différents projets :

  • Suivi des températures pour appréhender le changement climatique,
  • Calcul du bilan carbone de l’alimentation et évaluation des choix alimentaires pendant le séjour,
  • Suivi non invasif de la biodiversité à l’aide de pièges photographiques.

« On leur a proposé 3 projets avec des applications très différentes », ajoute Anna Bonnet, « du climat à l’écologie, en passant par l’impact carbone de l'alimentation… ça leur a montré tout un tas d’applications pour lesquelles elles n’avaient pas forcément idée qu’il y avait des mathématiques derrière ». Pour chacun des sujets, elles ont obtenu un résultat final qui a permis de concrétiser l’expérience. Juliette Legrand observe que, d’un cadre initialement scolaire, les participantes se sont « petit à petit vraiment emparées des sujets et se sont mises à réfléchir ensemble, ce qui est vraiment ce que nous souhaitions : une émulation collective. L’évolution a été assez flagrante dans tous les groupes ». Marie-Pierre Etienne enchérit : « Y compris dans leur relation avec nous : on est sorties un peu de la distance professeur-élève, ce qui a été salvateur. Le déclencheur : une partie de loup-garou, une lycéenne m’a tuée au premier tour : ça a changé quelque chose ! ».

Alors qu’on parlait de vecteurs, une des filles m’a demandé quand est-ce qu’on les voyait en dimension plus grande que deux. C'était pour moi une preuve qu'elle voulait en apprendre plus sur les mathématiques.
Juliette Legrand, maîtresse de conférence au Laboratoire de Mathématiques de Bretagne Atlantique (LMBA) - Université de Bretagne

Un public varié

Pour sélectionner les participantes, l’équipe a d’abord identifié 10 lycées en lien avec le rectorat : 5 en région parisienne et 5 en région rennaise. Les établissements sont différemment favorisés : l’objectif est de mélanger les publics. Marie-Pierre Etienne précise : « On a donc contacté les professeurs de maths dans ces lycées-là pour que les enseignantes et enseignants choisissent 2 filles de leur établissement directement. Il y a donc eu 2 filles par lycée ». Pour les organisatrices, cette technique est fructueuse : « Le fait d’avoir laissé les professeurs de chaque lycée choisir a eu plusieurs avantages », justifie Anna Bonnet. « D’une part, nous ne leur avions pas donné de critères stricts : ce n’était donc pas le même profil de filles choisies d’une classe à l’autre, et ça a contribué à mixer un peu plus le public. D’autre part, on s’est rendues compte qu’on nous avait envoyé des filles très sympas ! Très différentes, mais hyper motivées pour tout, c’est-à-dire pas seulement par les projets de maths mais aussi les activités extérieures et moments de convivialité ». Les animatrices Manon et Fanny étaient des étudiantes en statistiques ou mathématiques, tandis que la directrice habitait à côté de la station. L’enthousiasme de toutes les participantes, lycéennes comme encadrantes a rendu toute cette semaine très agréable.

Une charge de travail importante

Les organisatrices s’accordent toutefois sur la charge de travail importante que représente l’organisation d’un tel stage, notamment s’agissant de la première édition. « Si l’on avait su que ça serait autant de travail, on ne l’aurait pas fait » note Marie-Pierre Etienne. « On a recruté une directrice de séjour assez tard, et à son arrivée en fait elle nous a beaucoup aidées. On a appris sur le tas : les règles spécifiques à l’accueil de mineurs, l’aspect logistique du séjour, les documents de convention et de versement de l’argent… honnêtement c’était vraiment beaucoup de travail… Il y a des moments où on a hésité à continuer. On allait toucher 20 filles et on y passait un temps démesuré. Mais la semaine a été une telle bulle de bonne humeur et de réussite qu’on a envie de repartir, en se disant que l’expérience va nous resservir. On sait comment procéder, on a appris, donc ça va être plus simple. On connaît mieux les lieux, les personnes ressources… »

Un projet soutenu par l’Appel à Action Parité

L’équipe s’est répartie les différentes demandes de financements. Anna Bonnet s’est occupée du dossier Appel à Action Parité (AAA-Parité) de l’Insmi. « Il fallait que le dossier soit porté par un laboratoire dans une unité CNRS, ce qui était mon cas. Ce n’était pas une procédure trop lourde honnêtement, ça s’est bien passé », rassure-t-elle. 

Les ressources financières sont cruciales pour que ce type de projet voit le jour, mais le budget est amené à évoluer. En 2024, sur un budget total de 21 000 €, 5000 € ont par exemple servis à financer un film promotionnel du stage, dans l’idée de le diffuser dans d’autres lycées afin de valoriser cette expérience. Marie-Pierre Etienne rappelle, « il faut que ça serve à plus que les 20 filles qui viennent ». Ce type de frais est uniquement envisagé pour cette première édition afin de présenter le stage. 

En 2025, le stage accueillera dix filles supplémentaires. L’équipe a déjà recruté une cinquième personne pour l’organisation mais, Anna Bonnet assure que « si quelqu’un nous contacte en disant qu’elle ou il rêve de participer à l’organisation… on prend avec plaisir ! ».

Moi Informaticienne - Moi Mathématicienne

L'université de Bordeaux souhaite augmenter l'attrait de ses formations en informatique et en mathématiques auprès des filles. Pour ce faire, l'université organise des stages de découverte des formations, de la recherche et des métiers dans ces deux disciplines pendant une semaine des vacances scolaires. Cette action est à destination des élèves filles volontaires de 3ème et de 2nde. Découvrez-en plus sur cette action.

Contact

Juliette Legrand
maîtresse de conférence au Laboratoire de Mathématiques de Bretagne Atlantique (LMBA) - Université de Bretagne Occidentale
Marie-Pierre Étienne
maîtresse de conférence à l’Institut Agro Rennes-Angers et chercheuse à l'IRMAR
Anna Bonnet
maîtresse de conférence au LPSM (Laboratoire de Probabilités, Statistique et Modélisation) - Sorbonne Université
Sophie Donnet
directrice de recherche INRAE - UMR MIA-Paris-Saclay, AgroParisTech

Les actions parité soutenues par l’Insmi en 2024

La sortie du livre « Matheuses. Les filles, avenir des mathématiques » de Clémence Perronnet, Claire Marc et Olga Paris-Romaskevich a été incontestablement un événement phare début 2024. L’Insmi qui assure le suivi de l’actualité autour de cet ouvrage (cf. https://www.insmi.cnrs.fr/fr/matheusesa distribué de nombreux exemplaires aux rectorats, partenaires, médias et  à l’ensemble des références parité de ses laboratoires. 

Dans le cadre de l’animation du réseau des références parité des laboratoires, depuis 2 ans, deux réunions annuelles sont organisées : en décembre en visioconférence et en juin en présentiel. Les prochaines réunions auront lieu en décembre 2024 et le 5 juin 2025 au siège du CNRS à Paris. 

Mis en place depuis 1 an, l’Insmi organise une rencontre avec les références parité des laboratoires en amont de leurs dialogues objectifs ressources (DOR). Il s’agit d’un temps d’échange pour faire un point sur la situation de la structure, ses difficultés, ses projets.  Cela permet également de préparer le DOR et de mobiliser un moment spécifique pour les questions de parité et d’inclusivité. 

L’Appel à Action Parité (AAAP) a été lancé pour la première fois en 2024. Il s’adresse à l’ensemble des UMR et des fédérations de l’Insmi avec comme objectif de financer ou de cofinancer des actions de diverses natures et de diverses ampleurs. Pour sa première édition, les 25 demandes remontées ont toutes reçu un soutien dans le cadre de cet appel avec une dotation moyenne d’environ 2450 €. Ainsi, plusieurs types d’action ont pu être réalisées : 

  • Des actions envers les collègues : formation violences sexistes et sexuelle (VSS), organisation de moments entre femmes, financement de missions en lien avec la parité. 
  • Des actions envers les étudiantes en master : missions (par exemple pour les lectures Sophie Kowaleski) et organisations de rencontres étudiantes/chercheuses.
  • Des actions envers les jeunes : cigales, cigognes, mouettes savantes … les « Journées filles, maths et informatique : une équation lumineuse », journées « Math C pour L ». 
  • Des actions de diffusion, comme des expositions du type « Femmes et Maths ». 

L’édition 2025 a été reconduite début septembre avec un retour attendu des laboratoires et des fédérations pour le 4 novembre 2024.

L’Insmi reste très préoccupé par la situation en matière de parité et par les questions de la présence des femmes en mathématiques. Après avoir octroyé un bonus financier jusqu’en 2022 aux laboratoires qui avaient recruté au moins une femme sur les trois derniers recrutements d’enseignantes-chercheuses ou d’enseignants-chercheurs, les laboratoires qui ne remplissent pas cette exigence participent aux financements d’action en faveur de la parité par un prélèvement sur leurs dotations de base (3% si une seule femme a été recrutée sur les 6 derniers recrutement et 6% si aucune femme n’a été recrutée). Également, la chute du nombre de femmes inscrites en doctorat (21% en 2020-2021 et 2021-2022 alors que le taux était d’environ 30% en début 2010) est alarmante. L’Insmi incite ses laboratoires à se saisir de cette question et à mettre en place des actions propres afin d’augmenter le nombre d’étudiantes en thèse. 

Et enfin, retrouvez sur le site https://parite.math.cnrs.fr, que nous mettons régulièrement à jour, des informations, statistiques, documents et rapports sur les questions de parité.

Pour en savoir plus

  • Découvrez-en plus sur les questions de parité et d’égalité en recherche mathématique : https://parite.math.cnrs.fr/
  • Retrouvez ici toutes nos actualités autour de la parité.

Contact

Christophe Delaunay
Directeur adjoint scientifique