Parité en mathématiques. Un bilan, janvier 2021
À l’aide des données publiques disponibles dans les fiches démographiques 2019 (et années précédentes) des sections du comité national des universités (CNU), sections 25 et 26 et des données du bilan social et parité du CNRS 2019 (et années précédentes), nous établissons un état des lieux de la parité en mathématiques. Nous faisons un bilan de l’action « engagement parité » menée par l’Insmi depuis 2019 en nous appuyant notamment sur une enquête menée auprès des référentes et référents parité des unités Insmi. Par « communauté mathématique », on entend ensemble des personnels universitaires relevant des sections 25 et 26 du CNU et des personnels CNRS relevant de la section 41 du CoNRS. Par « mathématicien » ou « mathématicienne », on entend membre de cette communauté mathématique.
SOMMAIRE
Un bilan, janvier 2021.
1- Effectifs.
• Évolution.
• Avantage masculin.
2- Concours.
• Rang B.
• Rang A.
• Promotions au CNRS.
3- Directions d’unité.
4- Bilan du plan parité de l’Insmi.
• Description du plan.
• Niveau des unités.
• Actions des unités.
5- Suivi des indicateurs du COP du CNRS.
• Indicateur 23 : proportion de femmes dans les recrutements en section 41.
• Indicateur 24 : proportion de femmes dans les promotions.
• Indicateur 26 : nombre de directrices d’unité.
Annexe.
Extraits des réponses à une enquête auprès des comités parité.
UN BILAN, JANVIER 2021
1- Effectifs
Dans un contexte de diminution globale des effectifs en mathématiques, la proportion de femmes n’a pas ou peu varié.
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2013 |
2019 |
PR |
11% |
12% |
MCF |
27% |
28% |
DR |
19% |
19% |
CR |
16% |
19% |
Il y a une très forte disparité entre sections 25 et 26 mais, dans chacune des sections, la situation évolue peu depuis 2013. Les données 2019 sont les suivantes.
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CNU 25 |
CNU 26 |
PR |
6% |
16% |
MCF |
19% |
34% |
L’indice d’avantage masculin est défini comme le ratio entre la proportion de rangs A parmi les mathématiciens hommes et la proportion de rangs A parmi les mathématiciennes.
En section 41, il est en 2019 de 1 : la proportion d’hommes DR parmi les chercheurs (DR et CR) hommes en section 41 est égale à la proportion de femmes DR parmi les chercheuses (DR et CR) en section 41. Cet indice en section 41 est en augmentation continue depuis 2015.
Il est de 2,43 en section 25 : la proportion d’hommes PR en section 25 parmi les enseignants-chercheurs (PR et MCF) hommes en section 25 est 2,43 fois la proportion de femmes PR en section 25 parmi les enseignantes-chercheuses (PR et MCF) en section 25.
Il est enfin de 1,98 en section 26 et, comme en section 25, il évolue peu depuis 2015.
2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | |
Section 41 | 0,78 | 0,90 | 0,93 | 0,96 | 1,00 |
Section 25 | 2,38 | 2,50 | 2,55 | 2,47 | 2,43 |
Section 26 | 1,93 | 1,85 | 1,97 | 1,98 | 1,98 |
Communauté | 1,79 | 1,80 | 1,88 | 1,87 | 1,88 |
On rappelle que, par « communauté », on entend « ensemble des mathématiciennes et mathématiciens relevant de la section 41 du CNRS ou des sections 25 ou 26 du CNU ».
Pour avoir un avantage masculin égal à 1 en 2020 en section 25, il aurait fallu promouvoir 43 des 146 maîtresses de conférences sans promouvoir un seul homme et sans qu’aucun départ n’ait lieu1 . C’est près de trois campagnes d’emplois toutes universités confondues.
2- Concours
Les données du bilan social et parité du CNRS sont assez peu utilisables pour une analyse approfondie. Elle compte en effet le nombre de candidatures au sein de l’ensemble des concours d’une section, comptant donc de façon multiple les candidatures multiples. Il y avait en 2019 trois concours : un concours généraliste avec 11 possibilités, un concours aux interactions avec 3 possibilités et un concours sur le thème « physique mathématique » pour affectation dans un laboratoire de physique avec une possibilité.
Parmi les 15 chargées et chargés de recherche recrutés, 4 étaient des femmes, soit 27%. La proportion de candidatures portées par des femmes (avec l’ambiguïté de multiplicité mentionnée ci-dessus) était de 18%.
En section 25 et 26, les candidatures portées par des femmes représentait 25% des candidatures et le nombre de femmes recrutées représentait 32% des personnes recrutées. La fraction de femmes parmi les personnes qualifiées est intermédiaire : 28%. L’écart entre candidatures et recrutements provient essentiellement de la section 26, comme l’indique le tableau suivant.
|
Section 25 |
Section 26 |
Qualifications |
23% |
32% |
Candidatures |
22% |
29% |
Recrutements |
24% |
36% |
Le concours 2019 comportait une opération exceptionnelle pour l’Insmi : un concours affecté. Il a été attribué à une femme extérieure au CNRS. Parmi les cinq autres DR2 recrutés (tous personnels CNRS au moment du concours), une était une femme.
En section 25 et 26, les candidatures portées par des femmes représentaient 16% des candidatures et le nombre de femmes recrutées représentait 12% des personnes recrutées. La fraction de femmes parmi les personnes qualifiées est intermédiaire : 14%. Les données sont particulièrement éloquentes en section 25 sans être bonnes en section 26.
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Section 25 |
Section 26 |
Qualifications |
9% |
18% |
Candidatures |
17% |
14% |
Recrutements |
7 % |
16% |
Compte-tenu du faible nombre de promotions, nous donnons les résultats sur 4 ans (2016 à 2019) pour les promotions dans le corps DR et trois ans dans le corps CR (il y avait en effet en 2016 une classe CR1 mais pas de classe CRHC). Ainsi, parmi les promus des années 2016 à 2019, la proportion de femmes est 27%. En moyenne chaque année sur la même période, la proportion de candidates parmi l’ensemble des candidates et candidats était 21%.
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Fréquence des femmes parmi les promouvables (moyenne sur 4 ans) |
Fréquence des femmes parmi les promus |
CRCN -> CRHC |
13% |
25% |
DR2 -> DR1 |
21% |
27% |
DR2 -> DRCE1 |
20% |
29% |
DRCE1 -> DRCE2 |
13% |
43% |
3- Directions d’unité
En 2019, 7 des 49 UMR et UAR sont dirigées par des directrices. C’est une proportion de 14,3% à comparer avec un vivier de 12,7% de femmes parmi les rangs A de la communauté.
L’objectif de l’indicateur du COP du CNRS est une augmentation de 5% par an à partir de 2018 du nombre de femmes directrices d’unités. Il s’agit d’un objectif global et non par institut. S’il devait s’appliquer tel quel à l’Insmi, l’objectif serait d’avoir 10 des UMR ou UAR de l’Insmi dirigées par des femmes en 2023, ce qui apparaît excessif par rapport au vivier.
La proportion de femmes parmi les directions d’unités en fonction du type d’unité est donnée dans le tableau suivant. Ce sont ces unités qui sont prises en compte pour les objectifs du COP du CNRS.
UMR |
7% |
UAR |
67% |
Les proportions de directrices de fédérations et réseaux thématiques sont données dans le tableau ci-dessous.
FR |
33% |
RT hors GDR |
67% |
GDR |
18% |
4- Bilan du plan parité de l’Insmi
De 2019 à 2021, l’Insmi a souhaité inciter les UMR à se doter d’outils de réflexion sur la problématique parité/égalité. Pour cela un plan a été mis en place qui apportait un financement aux unités suivant leur niveau :
- Niveau 1 : avoir désigné un référent, une référente ou un comité parité au sein de l’unité et avoir rempli les données permettant le calcul sexué des indices de parité et mobilité académiques comme demandé par le conseil scientifique de l’Insmi.
- Niveau 2 : être de niveau 1 et, avoir, lors des trois derniers recrutements d’enseignant-chercheur ou enseignante-chercheuse, recruté au moins une enseignante-chercheuse.
Par ailleurs l’Insmi verse une subvention à l’association Femmes & mathématiques et soutient l’action MathC2+ maintenant portée par la SMF. Enfin, le CNRS est membre fondateur de la Fondation Blaise Pascal à qui l’Insmi apporte une contribution annuelle dans le but, en particulier, de soutenir les actions de diffusion des mathématiques vers les jeunes femmes. L’ouverture des métiers des mathématiques aux femmes a été l’un des messages importants de l’Année des mathématiques.
En 2021, 5 des 43 unités de l’Insmi n’ont pas nommé de référent, référente ou comité parité et 9 n’ont pas atteint le niveau 1.
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Unités de niveau 1 |
Unités de niveau 2 |
Financement de niveau 1 |
Financement de niveau 2 |
2019 |
5 |
12 |
1220€ |
1830€ |
2020 |
15 |
14 |
1250€ |
1850€ |
2021 |
12 |
22 |
977€ |
1467€ |
La baisse du financement de chaque niveau est la conséquence de l’augmentation du nombre d’unités engagées et est le prélude à une évolution du plan de soutien à la parité.
Une enquête a été menée auprès des comités des unités Insmi. Les réponses sont données en annexe. On donne ici un extrait des actions réalisées par les comités.
- Sensibilisation de la communauté aux problématiques liées à la parité (discussions, conférences…).
- Information sur les biais de choix (recrutement, invitations, promotions).
- Recommandation aux unités de ne pas financer les manifestations dans lesquelles les femmes sont sous-représentées.
- Demande de féminisation des procès-verbaux des soutenances de thèses.
- Relecture de fiches de postes pour favoriser une communication sans stéréotypes de sexe.
- Mise en place d'un outil de transparence sur les responsabilités collectives
- Portraits de mathématiciennes (conférences, expositions, quizz,...).
- Instauration dans les comités de sélections de référentes et référents chargés de relever à chaque étape (dossiers reçus, auditionnés, classés) les proportions hommes/femmes, de faire remarquer d'éventuelles ruptures d'équilibre paritaire lors du passage d'une étape à l'autre, et plus généralement, de veiller à ce que la question de la parité soit au moins évoquée lors du processus de sélection.
- Rédaction de charte à l’attention des comités de sélection.
- Échanges entre mathématiciennes.
- Master class pour les étudiantes et étudiants de M1 données par des mathématiciennes.
- Tutorat d’étudiantes de M1.
- Organisation d’événements pour les collégiennes et lycéennes (journées filles et maths, speed-dating,…)
5- Suivi des indicateurs du COP du CNRS
Nous indiquons ici le suivi des indicateurs sur le périmètre de la section 41 ou de l’Insmi. Ils seront en réalité agrégés sur l’ensemble du CNRS et ne sont donc que des indications pour la communauté.
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2018 |
2019 |
DR2 |
16,7% |
28,6%2 |
CRCN |
23,5% |
26,7% |
Objectif : au moins la proportion de promouvables dans le grade d’origine.
2018 | 2019 | |||
---|---|---|---|---|
Objectif | Indicateur | Objectif | Indicateur | |
DRCE2 | 11,1% | 25% | 28,6% | 100% |
DRC1 | 19,3% | 50% | 15,3% | 0% |
DR1 | 21,3% | 28,6% | 20% | 42,9% |
CRCH | 12,1% | 11,1% | 13,4% | 44,4% |
Objectif [O]: +5% chaque année
Les valeurs des indicateurs [I] sont données au 1er janvier de chaque année.
2018 |
2019 |
|
2020 |
|
2021 |
|
I |
O |
I |
O |
I |
O |
I |
8 |
8 |
8 |
8 |
7 |
9 |
7 |
UMR5127 - Laboratoire de Mathématiques
UMR5208 - Institut Camille Jordan
UMR5219 - Institut de Mathématiques de Toulouse
UMR5224 - Laboratoire Jean Kuntzmann
UMR5584 - Institut de Mathématiques de Bourgogne
UMR5669 - Unité de Mathématiques Pures et Appliquées de l'Ens de Lyon
UMR6093 - Laboratoire Angevin de Recherche en Mathématiques
UMR6139 - Laboratoire de Mathématiques Nicolas Oresme
UMR6625 - Institut de Recherche Mathématique de Rennes
UMR6629 - Laboratoire de Mathématiques Jean Leray
UMR7502 - Institut Elie Cartan de Lorraine
UMR7641 - Centre de Mathématiques Appliquées
UMR8100 - Laboratoire de Mathématiques de Versailles
UMR8524 - Laboratoire Paul Painlevé
UMR8628 - Laboratoire de Mathématiques d'Orsay
Notes
- En section 26, il aurait fallu promouvoir 101 des 397 maîtresses de conférences.
- Source : tableaux 58 et 99 du BSP2019. En ne prenant en compte que le tableau 99, on trouve 16,7%.