GEOMATHS

● Axe : société

● Nom complet : « Geo-mathématiques »

● Interaction : Mathématiques ∩ Géographie  

● Résumé :

Depuis ce qu’il est convenu d’appeler « le tournant spatial », à l’entame du troisième millénaire, les sciences sociales ont vu la géographie accroitre son importance en leur sein, à mesure que prenaient de l’importance les problématiques impliquant une compréhension fine de l’espace des sociétés. Ce mouvement s’est articulé autour de sujets clés, dont la centralité semble évidente aujourd’hui pour l’équipe du projet, tels que la ville et l’urbanité, le monde et la mondialisation, le tourisme et les mobilités, l’écologie et l’environnement, le changement climatique et les risques naturels, sans oublier internet et l’avènement d’une communication dont les vitesses ne dépendent plus du déplacement d’objets porteurs d’information. Tous ces champs de recherche font appel à la géographie, une géographie qui s’est renouvelée dans le même temps.

Le projet ciblé se fixe comme objectif de renouveler la relation qu’entretiennent de longue date la géographie et les mathématiques, ceci selon quatre principes directeurs.

  1. Présenter aux mathématiciennes et mathématiciens cette « nouvelle géographie », qui se pense comme une des dimensions d’une science du social unifiée et post-disciplinaire ;
  2. Aider les mathématiciennes et mathématiciens à accroître leur niveau de compétence en géographie et en science du social (théories et épistémologies) ;
  3. Faire se rencontrer directement les concepts les plus avancés des deux domaines, pour ne pas réduire les mathématiques à de simples outils pour les géographes, mais au contraire envisager les correspondances interprétatives entre les concepts des deux « disciplines » ;
  4. Porter une attention particulière à la médiation entre science et société, qui, dans la « matière sociale », ne se résume pas à de « l’application », ni ne s’exprime en termes « d’acceptabilité », mais doit, pour fonctionner quand elle concerne des systèmes sociaux complexes, tenir compte, dès la conception des modèles et des outils dérivés, des conditions de leur insertion dans les « chaînes de production » du social et de ses espaces, tels que la ville par exemple.

Fort de ces principes, le projet, dont la teneur est nettement exploratoire et qui entend couvrir le plus large spectre de problèmes, s’attachera à déflorer un certain nombre de domaines plus ou moins autonomes, mais qui peuvent être regroupés en trois catégories « géographiques ».

  1. la question de la description des espaces, c’est-à-dire les structures spatiales produites par les sociétés, plus ou moins pérennes, territoriales ou réticulaires, qui conditionnent notamment les pratiques spatiales, quotidiennes (ville) ou exceptionnelles (tourisme, migration) ; approche que l’on pourrait assimiler en simplifiant beaucoup à une vision cartographique de la géographie
  2. la question de la description des spatialités, c’est-à-dire les manières qu’ont les acteurs sociaux de vivre et de faire avec le spatial. Un domaine où la question des métriques est centrale
  3. la question de l’optimisation, sujet délicat en sciences sociales, du fait que les critères de l’optimalité sont dynamiques car eux-mêmes sont des produits de la société, produits combinant souvent, en géographie ou en urbanisme par exemple, des approches pragmatiques issues du « terrain » avec des visions idéalistes, reposant pour une bonne part sur la symbolique des formes — souvent géométriques —, la composante symbolique du social étant une dimension essentielle du social

Après une phase de rencontre et d’acclimatation réciproque entre géographes et mathématiciennes et mathématiciens, période qui sera l’occasion de lancer des recherches en mathématiques, répondant aux défis des géographes, il est envisagé que des travaux « applicatifs » de géographie soient engagés, pour vérifier la pertinence des résultats mathématiques proposés et envisager les modes de valorisation possibles de ces recherches, voire préfigurer ou même réaliser ces applications ou des structures les permettant (logiciels).

Porteurs :

  • Bertrand Maury (Université Paris-Saclay)
  • Patrick Poncet (Sorbonne Université)

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