Interview d'Evgenii Chzhen, chargé de recherche au CNRS

Quel est ton sujet de recherche ?

Je suis un statisticien théorique avec des intérêts assez larges dans ce domaine. Actuellement, je travaille sur les notions éthiques d'équité des algorithmes d'apprentissage automatique. De nombreuses tentatives ont été faites ces dernières années, principalement par la communauté des informaticiens, pour formaliser l'"équité" d'un algorithme. Pourtant, le choix final d'une notion d'équité est généralement guidé par une intuition de base qui n'est pas soutenue par une analyse théorique de celle-ci. Mon objectif est de comprendre les implications mathématiques et statistiques d'un choix donné de contraintes d'équité sur l'algorithme d'apprentissage. Il apparaît que, grâce à une analyse théorique minutieuse, de nombreuses notions d'équité admettent une interprétation plutôt simple et intuitive. Si leur interprétation est simple, leur découverte fait appel à de nombreux sous-domaines des mathématiques pures et appliquées.

Qu'as-tu fait avant d'entrer au CNRS ?

De 2016 à 2019, j'étais en thèse à l'Université Paris-Est sous la direction de Mohamed Hebiri et Joseph Salmon. Je travaillais sur les problèmes de classification sous contraintes de dépendance distributive. De 2019 à 2021, j'ai été en postdoctorat à l'Université Paris Saclay (Orsay) auprès de Christophe Giraud. Durant cette période, je me suis particulièrement intéressé au problème de l'équité algorithmique et je continue mes recherches dans cette direction jusqu'à aujourd'hui.

Qu'est-ce qui t'a amené à faire des mathématiques ?

J'ai toujours aimé les mathématiques, mais pendant longtemps, je n'étais pas sûr de ce qu'elles étaient vraiment. C'est le livre de V. Arnold sur les équations différentielles ordinaires qui a suscité mon premier véritable intérêt pour les mathématiques. Je me suis mis aux mathématiques sérieuses relativement tard. Grâce à Alexander Komech, un mathématicien russe spécialisé dans les EDP, j'ai eu ma première expérience des mathématiques au niveau recherche. Il m'a confié un article de Pierre-Louis Lions sur les solutions des équations de Hartree-Fock pour les systèmes de Coulomb. C'était mon premier contact avec les mathématiques et la culture mathématique française.

Qu'attends-tu du métier de mathématicien ?

De poser les bonnes questions et, parfois, de donner des réponses.

Pourquoi le CNRS ?

Le niveau de liberté et de sécurité offert par le CNRS me permet de me concentrer uniquement sur la recherche.